Fossiles en plastique : un message (dans une bouteille) pour l’avenir

« En 2018, j’ai ramassé une boîte de crème solaire sur la plage dont le prix était en lire, l’ancienne monnaie de l’Italie. Après l’avoir enquêté, J’ai vu qu’il avait été fabriqué en 1968. Cela m’a fait réfléchir sur la pollution de la mer et le temps que met le plastique à se dégrader. A ce moment j’ai compris que ce type de déchets peut être utile pour montrer que puisque ce matériau ne se dégrade jamais complètement, il faut changer au plus vite l’usage que l’on fait des emballages». Derrière cette réflexion se cache Enzo Suma, diplômé en sciences de l’environnement et guide nature dans sa région, les Pouilles, dans le sud de l’Italie. Dans le but de sensibiliser le public à l’environnement, Suma a commencé il y a quelques années à collecter ces « fossiles » en plastique sur la plage. L’hiver était le « meilleur » moment, car c’est le moment où la mer ramène le plus de déchets sur le rivage. Au cours de ces mois froids, des centaines de plastiques datant de la fin des années 1950 aux années 1980 ont été ajoutés à la découverte des écrans solaires. On parle de conteneurs vieux d’un demi-siècle (ou plus) sur lequel l’horloge et l’érosion marine font peu de cas.

Après avoir amassé près de 200 découvertes « archéoplastiques », le scientifique a décidé de les rendre visibles à travers son projet Archéoplastique, né fin février grâce à un financement participatif. En plus de visiter plusieurs écoles sensibilisant les enfants et leurs parents à la pollution marine à travers leurs expositions, il réussit quelques mois plus tard à obtenir le capital nécessaire pour atteindre l’un de ses premiers objectifs : la création du musée virtuel, où tout utilisateur peut analyser en détail chaque « fossile » de plastique récupéré dans les océans.

Un produit de 1984. Photo : Enzo Suma.

Cette branche particulière de l’archéologie lancée par le scientifique italien a ses propres méthodes de datation. Tout est dans le détail et le contexte. Par exemple, une bouteille qui comprend de la publicité pour des Jeux olympiques spécifiques ou l’image d’une mascotte reconnaissable permet de marquer les années de sa production et, par conséquent, de calculer combien de temps elle a dérivé. Les matériaux utilisés donnent aussi des indices : ainsi, un grand nombre de contenants fabriqués dans les années 1960 se caractérisent par le fait que leurs étiquettes sont imprimées directement sur le plastique selon la technique de tampographie et sont parfaitement lisibles (encore aujourd’hui). Dans son analyse, Suma recherche également d’anciennes publicités pour savoir quand le modèle de conteneur trouvé dans le sable a été commercialisé. Parfois c’est la date d’expiration qui donne la clé. À d’autres moments, le code-barres le fait.

Le scientifique de l’environnement avant les déchets valorisés. Photo : Enzo Suma.

« Environ 60% de tout le plastique produit sur la planète a été jeté et s’accumule dans les décharges ou dans l’environnement naturel », explique Suma. « Il est estimé que environ 8 à 12 millions de tonnes de plastique se retrouvent chaque année dans le milieu marin. Si la mauvaise gestion à la fin de son utilisation continue de s’ajouter à la production irrésistible de plastique, en 2050 on estime qu’il y aura plus de plastique que de poisson (en poids) dans la mer. Face à cet horizon, la devise du projet est que « le plastique est éternel ». Une fois dans la mer, le matériau se décompose en le microplastique bien connu qui, prévient Suma, « se comporte comme une éponge, absorbant toutes les substances toxiques présentes dans l’eau. Lorsqu’ils sont ingérés par un poisson, ils sont transférés dans leurs tissus à partir du poisson et par la suite aux humains.

La pollution des mers causée par les plastiques est un problème complexe pour lequel de nombreuses mesures sont nécessaires, comme la récente législation espagnole qui interdit les plastiques à usage unique. Mais regarder l’art, exposer le problème graphiquement, montrer comment le plastique sert de machine à remonter le temps pour nous rappeler que la pollution est présente dans l’environnement marin depuis des décennies, peut nous aider à ouvrir les yeux et supposons que le changement est entre nos mains.

Gaston Alexandre

En tant que travailleur indépendant, j’ai décidé de me lancer dans la rédaction d’articles basée sur le buzz international. Je traite ainsi différents sujets, et particulièrement ceux qui ont suscité un énorme engouement dans la société mondiale. J’écris ainsi des articles concernant les thématiques à fort caractère, c’est-à-dire qui créent un véritable impact émotionnel chez le lecteur. Le nombre d’articles que j’écris est variable au quotidien. L’objectif étant de fournir le maximum d’informations pertinentes du jour, vous pouvez alors découvrir de nombreuses publications d’une douzaine de lignes par article.
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