Le réchauffement climatique semble affecter la température en Europe plus que dans d’autres pays, ce qui prouve que, bien qu’il s’agisse d’un problème mondial, le changement climatique ne frappe pas le monde de la même manière.
Selon les normes stipulées par l’Accord de Paris sur le climat, les pays signataires ont pour objectif commun de limiter l’augmentation de la température moyenne de la Terre à 1,5 °C. L’estimation la plus prudente indique que la planète devrait être environ 2,4 °C plus chaude qu’elle ne l’était par rapport à la période précédant la révolution industrielle.
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Les inondations en Allemagne en juillet de cette année sont le résultat direct de la hausse des températures en Europe, aggravant le réchauffement climatique (Image : M. Volk/Shutterstock)
Le problème : la température de l’Europe est déjà supérieure de 2,2 °C à ce qu’elle était à l’époque – et c’est précisément le « Vieux Continent » qui a mené l’industrialisation mondiale.
L’information provient de Samantha Burgess, directrice adjointe des services climatologiques du programme Copernicus d’observation de la Terre. L’experte a présenté ses conclusions lors d’une réunion d’ouverture de l’événement COP26, promu par les Nations unies (ONU) mardi dernier (9).
Selon Burgess, 2022 a été l’année la plus chaude d’Europe, atteignant la barre des 1,9 °C au-dessus de la période moyenne enregistrée entre 1981 et 2010, et 0,4 °C au-dessus du record précédent.
Cela s’est traduit par des catastrophes climatiques de plus en plus fréquentes : au milieu de l’année, les inondations qui ont frappé l’ouest du continent ont tué 200 personnes rien qu’en Allemagne, la chancelière Angela Merkel qualifiant la situation de “surréaliste”.
“Nous avons anticipé l’arrivée des inondations et averti l’agence de défense nationale de se préparer, mais ce qui a frappé le pays était bien pire que tout ce qu’ils avaient vu”, a déclaré Vera Thiemig, chercheuse au Centre commun de recherche au service de la Commission européenne. “Ils s’attendaient à une inondation comme il y a 100 ans, mais ce à quoi ils ont été confrontés ressemblait plus à il y a mille ans.”
Thiemig prévient également que la situation actuelle pourrait rendre ces « inondations millénaires » de plus en plus fréquentes – et pas seulement en Allemagne.
Les scientifiques ne savent toujours pas pourquoi la température en Europe augmente plus vite que sur d’autres continents, mais imaginez que le recul des couches polaires y est pour quelque chose. Une partie de l’Europe se trouve dans la région connue sous le nom de “Scandinavie”, où la les pays les plus froids restent – la Suède, la Suisse, la Finlande et autres.
La région arctique s’est également réchauffée de manière inédite, avec une augmentation vertigineuse de la chaleur (près de 3 ºC, bien que la période analysée soit plus longue que celle de l’Europe). Cette augmentation a provoqué la fonte du «pergélisol», un type de terrain censé être gelé en permanence, ce qui a entraîné une fréquence accrue d’événements étranges pour les régions polaires, tels que des incendies de forêt.
Pour Burgess, tout n’est pas perdu pour autant, mais tout dépend d’actions à grande échelle qui doivent être menées à court terme : « d’ici 2030, nous verrons de plus en plus d’événements extrêmes, avec des étés plus chauds, des hivers moins froids et plus et plus de tempêtes violentes », a-t-elle commenté lors de la présentation. “Mais les années entre 2050 et 2100 dépendront beaucoup du scénario où nous arriverons à l’extrême extrême du climat.”
En d’autres termes, les actions proposées dans l’Accord de Paris, ainsi que les éventuelles conclusions tirées lors de l’événement COP26, devront être mises en œuvre rapidement et de manière décisive, sans trop de place pour le débat. Et la « mise en œuvre », malheureusement, est quelque chose que l’ONU elle-même reconnaît comme problématique.
« Si nous ne faisons rien, rien qu’en Europe, 15 millions de personnes seront exposées au risque d’incendies de forêt. En dehors de cela, chaque année également, 90 000 personnes mourront à cause des vagues de chaleur, deux millions de personnes seront touchées par les inondations côtières et les périodes de sécheresse s’étendront à la même vitesse que la toundra disparaîtra », a déclaré Thiemig.
Jusqu’à présent, plus de 100 pays – dont le Brésil – se sont engagés à réduire de 30 % leurs émissions de gaz à effet de serre, un facteur d’immense influence sur le réchauffement climatique – en particulier le méthane, qui est jusqu’à 80 fois plus problématique que le dioxyde de carbone ( CO2). En outre, 140 États souverains se sont engagés à atteindre la neutralité carbone (lorsque les émissions de CO2 sont si faibles que les mesures de reboisement les compensent largement) d’ici 2050.
