Le droit d’auteur n’est pas pour l’intelligence artificielle, seulement pour les humains – Législation –

La plupart des pays ont des lois strictes sur le droit d’auteur, mais s’appliquent-elles aux œuvres créées par l’intelligence artificielle ? Aux États-Unis, cette discussion a pris de l’ampleur après qu’un chercheur a tenté de protéger une image créée par ce qu’il appelle la “Creativity Machine”. Mais la demande a été refusée parce qu’il n’y avait pas de “paternité humaine”.

Intelligence artificielle (image d’illustration : Max Pixel)

C’est fin 2018 que le Dr Stephen Thaler, expert en intelligence artificielle, a demandé au United States Copyright Office (USCO) d’enregistrer une œuvre d’art appelée Une entrée récente au paradis (Une entrée récente au paradis, en traduction libre).

Ce ne serait qu’un autre enregistrement du droit d’auteur s’il n’y avait pas un détail : l’auteur de l’œuvre n’était pas Thaler, mais un algorithme d’intelligence artificielle appelé Creativity Machine.

L’œuvre, visible sur l’image ci-dessous, fait partie d’une “expérience de mort imminente simulée”, selon le chercheur. Dans cette expérience, l’algorithme retraite des images pour en générer d’autres avec un effet hallucinatoire qui sert de base à un récit fictif sur l’au-delà (d’accord, alors).

Cette composante philosophique a cependant peu de pertinence. Il est évident que Thaler a demandé l’enregistrement pour tester l’acceptation ou non d’une œuvre par l’USCO dont l’indication de paternité n’a aucune implication humaine.

C’est en quelque sorte provocateur, car les lois américaines sur le droit d’auteur ne contiennent aucune règle visant les non-humains. Malgré cela, l’USCO a été catégorique en rejetant les demandes qui n’impliquent pas de participation humaine. En conséquence, les commandes négatives sont souvent revues.

Ce fut le cas avec le travail de la Creativity Machine. Ce mois-ci, un conseil d’administration de l’USCO a examiné la candidature de Thaler, qui avait initialement été examinée et rejetée en 2019.

Encore une fois, le bureau a refusé l’enregistrement. Pour l’USCO, le travail n’est pas “basé sur les pouvoirs créatifs de la [humana]» et, dans le même temps, Thaler n’a pas réussi à convaincre l’organisme de « s’écarter d’un siècle de jurisprudence sur le droit d’auteur » (c’est-à-dire que les lois protégeant le travail intellectuel doivent être modifiées).

L’entreprise n’est pas disposée à enregistrer des œuvres “produites par une machine ou un simple processus mécanique”, mais elle a montré des signes qu’elle pourra le faire lorsqu’il y aura des preuves d’implication humaine. Le chercheur n’a cependant pas voulu s’engager dans cette voie. Pour lui, ce qui compte le plus, c’est de prouver que les œuvres créées par des machines doivent aussi être protégées.

Une entrée récente au paradis (imagem por… Creativity Machine? 🤔)

Thaler a déjà tenté de déposer un brevet au nom d’une IA

Il n’y a pas que le droit d’auteur. Stephen Thaler a également tenté de déposer des brevets pour le compte d’une intelligence artificielle baptisée DABUS.

Mais non, ça n’a pas marché. En avril 2020, l’Office des brevets et des marques des États-Unis (USPTO) a statué que seules les “personnes physiques” (c’est-à-dire les personnes physiques) peuvent déposer des brevets.

Thaler a réussi à faire accepter la demande de brevet en Afrique du Sud et en Australie. Sans succès aux États-Unis, il a fait appel à la justice, mais, là encore, sa demande a été rejetée. Au moins l’argument avancé par la juge de district Leonie Brinkema suggère qu’un jour, une histoire comme celle-ci pourrait avoir un résultat différent :

Le temps viendra peut-être où l’intelligence artificielle atteindra un tel niveau de sophistication qu’elle pourra répondre aux sens acceptés de l’invention. Mais ce jour n’est pas encore venu, et s’il le fait, il appartiendra au Congrès de décider dans quelle mesure élargir le champ d’application du droit des brevets.

Olivier Quirion

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