Le Qatar maintient sa position concernant la population LGBT+ avant la Coupe du monde

En Europe, des associations de supporters et des fédérations nationales, dirigées par la Norvège, ont fait part de leurs inquiétudes quant à la sécurité des personnes LGTBQ dans un pays où l’homosexualité est criminalisée.

Dans une étude pour l’International Journal of Sport Policy and Politics en 2016, Paul Michael Brannagan et Joel Rockwood ont identifié plusieurs points chauds pour les supporters : les accusations de corruption dans le tournoi à la concession du lieu de l’événement, la météo (avant la Coupe du monde a été déplacée à une période de l’année avec des températures plus basses) et aussi les droits des femmes, des homosexuels et des travailleurs migrants.

Six ans plus tard, le pays ne semble pas avoir pleinement répondu aux progrès demandés, malgré les efforts et les progrès accomplis.

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« La Coupe du monde a accéléré les choses »

L’émirat, dont les dépenses d’infrastructures pour la Coupe du monde sont estimées à 300 milliards de dollars, a assoupli depuis 2016 la « kafala », le système de parrainage qui faisait des salariés la quasi-propriété de leur employeur, et introduit en 2020 un salaire minimum.

« Ces réformes étaient inévitables et la Coupe du monde a accéléré les choses », explique Max Tunon, chef du bureau de l’Organisation internationale du travail (OIT) à Doha. « D’autres pays de cette partie du monde entreprennent également des réformes, mais peu dans le monde les mènent au même rythme qu’ici », souligne-t-il.

Tunon estime que ces efforts se poursuivront après la Coupe du monde grâce aux accords conclus entre le gouvernement qatari et l’OIT, les syndicats internationaux et les pays tiers.

La directrice de la communication du comité d’organisation de la Coupe du monde, Fatma Al Nuaimi, a déclaré à l’AFP que « le bien-être des travailleurs continuera d’être une préoccupation primordiale d’ici au début (du tournoi) et au-delà ».

« Nos efforts pour développer (…) et mettre en œuvre nos normes en matière de bien-être des travailleurs dans tous nos projets constituent l’un des principaux héritages de la Coupe du monde pour le Qatar », a ajouté Al Nuaimi dans sa réponse écrite.

Les droits des femmes et de la communauté LGBTQ sont plus sensibles dans cette société musulmane conservatrice.

Il y a trois femmes qui sont ministres (de la Santé, de la Famille et de l’Education) et les deux tiers des diplômes universitaires sont pour des femmes, mais « les plus gros changements se sont produits il y a vingt ans et pas dans les dix dernières années », déplore Rothna Begum, de l’ONG Human Rights Watch.

Elle dénonce entre autres la protection des femmes, qui ont besoin de l’approbation d’un représentant masculin pour se marier, étudier à l’étranger ou exercer certaines professions.

« Changement adaptatif »

Les changements récents, comme la possibilité de passer le test pour conduire sans autorisation (à partir de janvier 2020) « sont largement dus aux femmes qui ont fait valoir leurs propres droits », notamment sur les réseaux sociaux, ajoute Begum.

Régulièrement interrogé sur les risques que vont encourir les supporters homosexuels, le comité d’organisation de la Coupe du monde promet un événement « ouvert à tous ».

Les entre 1,2 et 1,4 million de visiteurs attendus pour l’événement seront autorisés à porter, s’ils le souhaitent, des drapeaux arc-en-ciel (symbole de la communauté LGTBQ+), comme l’autorise la FIFA. En attendant, les organisateurs demandent le respect de la culture locale et la prudence.

Les gestes et les symboles peuvent-ils être utilisés pendant la Coupe du monde pour changer les mentalités ?

« Ça peut aller dans les deux sens, dans une plus grande acceptation ou dans des réactions très dures, selon son évolution », estime Merissa Khurma, directrice du programme Moyen-Orient au think tank américain Wilson Center.

« Un grand événement ne va pas déclencher une mer de changements, mais le fait que la discussion ait lieu est important », dit-il.

Avec les questions LGTBQ c’est un peu plus sensible car il y a des composantes socio-culturelles et religieuses

Merissa Khurma anticipe plutôt « un changement adaptatif » dans ce pays de 2,8 millions d’habitants, dont à peine 10% de Qataris.

« Avec les questions LGBTQ, c’est un peu plus sensible car il y a des composantes socioculturelles et religieuses », explique Khurma. Mais compte tenu du grand nombre d’expatriés et de l’éducation des jeunes Qataris dans les universités étrangères, « ce n’est qu’une question de temps avant que les mentalités changent ».

Olivier Quirion

Je m’intéresse particulièrement à l’interaction avec mes lecteurs. C’est pourquoi je suis ouverte à toutes les conversations faisant référence aux actualités mondiales. Vous pouvez retrouver une section interactive de groupe où il sera possible de nous joindre dans un débat dénoué de mauvaises critiques. Je fais en sorte que les internautes puissent lire mes articles de la manière la plus simple possible, tout en étant divertis. Je mise ainsi sur des articles peu encombrants et qui sont faciles à digérer. C’est d’ailleurs pourquoi je priorise une rédaction courte mais intéressante à lire.
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