Le chancelier Rishi Sunak a ordonné aux responsables d’élaborer des plans pour une éventuelle taxe exceptionnelle sur plus de 10 milliards de livres sterling de bénéfices excédentaires des producteurs d’électricité, y compris les exploitants de parcs éoliens, en plus d’un coup porté aux producteurs de pétrole et de gaz de la mer du Nord.
Les responsables du Trésor travaillent sur un programme qui irait bien au-delà du plan fiscal original du parti travailliste, alors que Sunak cherche à lever des milliards de livres de soutien financier pour les ménages aux prises avec des factures énergétiques en hausse.
« Les producteurs de pétrole et de gaz de la mer du Nord ne représentent que la moitié du tableau », a déclaré un initié du gouvernement. « L’autre moitié est que les prix élevés du gaz ont entraîné des bénéfices exceptionnels assez substantiels pour toute la production d’électricité. »
En attirant les grands producteurs d’électricité tels que SSE, ScottishPower, EDF Energy et RWE dans le champ d’application de toute taxe exceptionnelle, Sunak augmenterait considérablement les revenus qu’il rapporte.
Sunak et Boris Johnson veulent de toute urgence définir des mesures pour faire face à la hausse des factures d’énergie et comment les payer, ont déclaré des responsables. Une annonce pourrait intervenir cette semaine ou après le jour férié du Jubilé début juin.
Le chancelier s’est précédemment opposé à une taxe sur les bénéfices exceptionnels, mais a déclaré ce mois-ci qu’il était « pragmatique » et que si les producteurs de pétrole et de gaz n’augmentaient pas rapidement leurs engagements d’investissement, « aucune option n’est exclue ».
La flambée des prix du gaz a des répercussions sur le marché de l’électricité et se traduit par une hausse des prix de gros dans l’ensemble du secteur, y compris pour certains producteurs d’énergie renouvelable et nucléaire.
Les travaillistes affirment que sa taxe exceptionnelle, qui ne s’appliquerait qu’aux producteurs de pétrole et de gaz de la mer du Nord, rapporterait environ 2 milliards de livres sterling. Une analyse de Greenpeace UK affirme qu’ils réaliseront des bénéfices exceptionnels de 11,6 milliards de livres sterling cette année.
Les estimations du gouvernement suggèrent que les producteurs d’électricité auraient pu réaliser un montant similaire de bénéfices excédentaires – plus de 10 milliards de livres sterling – en raison de la hausse des prix du gaz.
Un expert en énergie a déclaré que l’idée de bénéfices excédentaires pour les producteurs était « un peu d’économie très simple », affirmant qu’il était plus exact de parler de « l’écart entre leurs coûts et le prix fixé par le gaz ».
Deepa Venkateswaran, analyste chez Bernstein, a déclaré qu’une taxe exceptionnelle sur les générateurs d’électricité serait un « instrument brutal », car de nombreux producteurs d’électricité vendent leur production à l’avance, limitant ainsi les bénéfices qu’ils ont tirés des récents prix élevés.
Elle a également noté que de nombreuses grandes entreprises de production investissent massivement dans des technologies telles que l’éolien offshore pour aider la Grande-Bretagne à atteindre son objectif net zéro de 2050. Le gouvernement devrait être prudent, a-t-elle ajouté, affirmant que «toute mesure rétrospective ou instinctive. . . se retournera contre lui ».
Le gouvernement espagnol a annoncé l’an dernier une taxe sur les « bénéfices excédentaires » sur les compagnies d’électricité espagnoles, mais l’a ensuite édulcorée en octobre après avoir averti qu’elle nuirait aux investissements dans les parcs éoliens.
Downing Street et le Trésor ont déclaré qu’aucune décision n’avait été prise pour imposer une taxe exceptionnelle. « Nous ne le ferions que si nous concluions que c’est le seul moyen de financer quelque chose dont nous concluons qu’il doit être fait », a déclaré un allié de Boris Johnson.
Les conservateurs de droite s’opposent à une taxe exceptionnelle, mais Sunak ne veut pas financer un plan de sauvetage pour les ménages aux prises avec des factures plus élevées grâce à des emprunts supplémentaires à grande échelle, craignant que cela n’alimente l’inflation.
Les responsables de Sunak travaillent sur un modèle fiscal exceptionnel pour les producteurs de pétrole et de gaz de la mer du Nord similaire à celui introduit par George Osborne en 2011, selon les personnes informées de la politique.
Osborne a augmenté la « charge supplémentaire » prélevée sur la production de pétrole et de gaz et a levé 2 milliards de livres sterling. Le surcoût n’est tombé à son niveau d’origine que lorsque le prix du pétrole est revenu à un prix de déclenchement de 75 dollars le baril.
Selon le plan de Sunak, les producteurs de pétrole et de gaz pourraient continuer à payer des frais plus élevés pendant plusieurs années si les prix de gros restent élevés.
Un porte-parole du Trésor a déclaré que le gouvernement avait déjà fourni un ensemble de soutien de 22 milliards de livres sterling et que même s’il ne pouvait pas protéger tout le monde « nous comprenons que les gens sont aux prises avec la hausse des prix ».
Les propriétaires de centrales électriques au gaz ont répercuté leurs coûts d’intrants plus élevés sur les clients par le biais de prix gonflés.
Une aubaine plus évidente a profité aux propriétaires de longue date de programmes à faible émission de carbone, tels que les parcs éoliens terrestres ou solaires, qui ont reçu des subventions en plus des prix de gros dans le cadre d’un programme de « certificats d’obligation pour les énergies renouvelables ».
